Fidèle à sa réputation de Marketeur génial, d'empêcheur de tourner en rond et de toujours retomber sur ses pattes dans l'adversité, Steve Jobs vient de prendre tout le monde de court.
Le patron d'Apple vient en effet d'annoncer que, s'il avait le choix, il abandonnerait la notion de DRM Fairplay (c'est leur nom dans la version propriétaire Apple) pour la protection des fichiers musicaux téléchargeable en ligne.
Un bon pavé dans la mare de l'industrie musicale, clairement expliqué dans un excellent article de Guillaume Champeau sur son site Ratiatum ainsi que sur Agoravox.
Il y a plusieurs manières de lire ce virement de bord radical de Steve Jobs, qui balance donc aujourd'hui de bons vieux coups de saton à ses partenaires, les omniopotentes maisons de disques :
- Apple va mal, très mal :
- Attaqué de toutes part (le hardware avec l'arrivée du Zune de Microsoft et de tous les autres, les plates-formes musicales avec de plus en plus de concurrents à iTunes, le DRM avec de plus en plus de levées de bouclier contre les protections électroniques imposées par iTunes), Apple est obligé de lever le pied et se préparer à lacher prise sur le protectionisme à tout va, comme il l'a fait sur un autre domaine en "autorisant" l'installation de Windows XP et Vista sur ses propres machines
- Les maisons de disque vont mal, très mal
- L'industrie musicale est un secteur sinistré me disait une connaissance d'EMI. Les ventes de CD baissent sans arrêt (et la baisse à commencer avant que ne se généralise le téléchargement de MP3). Les toutes puissantes maisons de disques ne sont aujourd'hui plus aussi puissantes : elles se cherchent toutes un moyen de s'en sortir, de relancer le business, se tirent mutuellement dans les pattes, font une chose et son contraire. Sans doute le moment de leur mettre un bon coup derrière les oreilles se dit Steve Jobs qui ne supporte pas d'être obligé depuis le début à suivre leur diktat. Avec sa lettre ouvert, Steve Jobs fait clairement des maisons de disque les coupables, et n'a pas peur de leur réaction.
- Un énorme coup marketing
- Au moment où on s'y attend le moins, la société qui est présentée comme la personnification du protectionnisme et des DRM (c'est Apple que notre ministre de la culture a menacé directement il y a deux ans, c'est Apple que le gouvernement norvégien s'apprète à sanctionner, c'est Apple que l'Europe regarde de biais) devient le chevalier blanc de la lutte pour la liberté d'accès à la musique. Steve Jobs n'en est pas à un "coup" marketing près.
- Un bon coup de latte à Microsoft
- En se préparant à un nouveau modèle de développement qui ne sera plus construit sur la notion de DRM, Apple prend clairement les devants face à un Microsoft pris de court et qui arrive tout juste avec son Zune rempli à ras-bord de DRM. Un bon moyen de géner un concurrent géant génant.
Agoravox propose de mieux comprendre le contexte de ces DRM au travers du portail des contributions de Guillaume Champeau reprises sur le site citoyen.
Commentaires